Le commissariat de Reims, en feu, a été pillé. À Sens, le futur centre social en construction (4,3 millions de travaux) a été incendié et a subi des dégâts considérables. La mairie de la cité du Val Fourré (Mantes-la-Jolie) est incendiée. Au-delà des drames humains, les contribuables ont la gueule de bois ce matin.
Au petit matin, émeutiers et pillards quittent le théâtre des opérations et cèdent la place à la France qui se lève tôt, celle qui trime et qui aura à payer les dégâts via ses impôts. Dans de nombreuses villes comme Paris ou Lyon, les braves gens ne pourront se rendre au travail ou se déplacer comme ils l’entendent : tramway ou bus qu’ils financent ne circulent plus que partiellement, par mesure de sécurité.
Pauvre contribuable français, agoni de taxes (66 % de nos compatriotes estiment qu’ils paient trop d’impôts, sondage Ifop / Contribuables Associés, mai 2023), perclus de dépenses publiques (le record des pays développés), assommé par la dette publique. Vendredi 30 juin, celle-ci a dépassé, pour la première fois, les 3 000 milliards d’euros (112,5 % du PIB). Cataclysmique !
« La politique de la ville est un échec. Depuis 20 ans, on a donné des milliards sans jamais régler les problèmes ». Tels sont les propos empreints de bon sens qu’aurait tenus Emmanuel Macron, le 16 mai 2018, en conseil des ministres, selon Le Canard enchaîné. Mais, à l’instar de son prédécesseur, le président n’a pas mis un coup d’arrêt à cette redoutable machine à biffetons qui permet d’acheter la paix sociale dans les banlieues.
Des centaines de milliards d’euros ont été déversés dans les quartiers, nombre de « plans banlieue » ont été lancés, une multitude d’agences ont été créées. Il n’empêche, la politique de la ville est un cuisant échec depuis des décennies.
Dans un rapport de 2020, la Cour des comptes a évalué « l’attractivité des quartiers prioritaires » sur dix ans (2008 – 2018). Elle a analysé huit quartiers prioritaires dans les régions Hauts-de-France, Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le constat est sans appel. Les dispositifs consacrés au logement, à l’éducation et à l’activité économique, n’ont, malgré les moyens financiers et humains engagés, que peu porté leurs fruits. Ces quartiers ont connu un recul économique et commercial, en dépit des exonérations fiscales à hauteur de 1,7 milliard d’euros par an. Dans le même temps, les activités illicites ont prospéré. Sur le plan éducatif, malgré une amélioration depuis dix ans, les élèves ont des résultats scolaires inférieurs à la moyenne de leur académie. Les familles les moins défavorisées quittent le quartier, remplacées par d’autres plus précaires.
Il est à craindre que l’exécutif ne cherche à acheter la paix sociale et à éteindre l’incendie à coups de milliards
La politique de la ville a commencé à s’écrire à la fin des années 1970 sous le gouvernement de Raymond Barre. Depuis, 200 milliards au bas mot ont été engloutis. Le montant précis des sommes déversées dans les quartiers est impossible à chiffrer. Même les magistrats financiers de la Cour des comptes se cassent les dents sur l’addition. Dans son récent rapport de décembre 2020, la Cour souligne l’impossibilité d’une véritable évaluation globale de cette politique du fait « de la largeur de son champ d’intervention, de ses objectifs évolutifs, souvent peu chiffrés et non hiérarchisés ». Et déplore le « caractère inaccessible, voire l’absence [des] données » qui permettrait de mesurer les objectifs. Il est notamment impossible de faire le total des dépenses des collectivités locales pour la politique de la ville. Ahurissant !
Pour ce que l’on en connaît, les moyens financiers mobilisés sont gigantesques : l’État consacre à cette politique environ 10 milliards d’euros chaque année (9,6 milliards en 2019), selon la Cour des comptes. Un montant à des années-lumière des dépenses comptabilisées dans le document de politique transversale « Politique de la ville », annexé au projet de loi de finances, soit pour 2023, un total de 37,1 milliards d’euros… Auxquels se rajoutent les dizaines de milliards Investis au titre de la rénovation urbaine depuis 20 ans. Celle-ci aura engagé 90 milliards d’euros d’investissements publics et privés d’ici 2030.
Il est dès lors à craindre que l’exécutif ne cherche, comme toujours, à acheter la paix sociale et à éteindre l’incendie à coups de milliards (qu’il n’a pas) et ne lance un énième plan banlieue. Une nouvelle fois, le gouvernement ne parviendrait à rien d’autre qu’à appauvrir les contribuables et à entretenir des cités interdites.
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