Standard & Poor's ne croit plus aux promesses de Bercy

Écrit par Jean-Baptiste Leon
ministere-finances © Alexandros Michailidis / Shutterstock

Une croissance surévaluée, un déficit sous-estimé : la dégradation de la note souveraine de la France par S&P met en évidence la piètre gestion des finances publiques de Bruno Le Maire.

Le ministre de l’Économie a beau affirmer qu’il « a sauvé l’économie française », ses déclarations n’ont pas convaincu l’agence de notation S&P qui vient de dégrader la note de la dette française de AA à AA-.

En avril dernier, Fitch Ratings avait déjà baissé la note de la France de AA à AA- en pointant du doigt l'optimisme des prévisions macroéconomiques du gouvernement.

Motivant sa décision, S&P explique que la dette publique française rapportée au PIB va augmenter du fait de déficits plus importants que prévu en 2023-2027.

Cette dette représente désormais plus de 110% du PIB en 2024, soit un niveau proche de celui de l’Espagne, un pays en pleine cure d’austérité.

« Le ratio de la dette publique française est désormais le troisième plus élevé de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie », constate S&P.

Ces prévisions recoupent celles du FMI. Pour l’organisation internationale, la dette publique allemande devrait revenir à 57,7 % du PIB en 2029, alors que celle de l’Hexagone atteindra 115,2 % à la même date.

S&P ne croit pas non plus que le déficit tricolore sera ramené sous 3 % du PIB à horizon 2027, comme Bruno Le Maire feint de le croire. Elle prévoit un déficit de 3,5 % à cette date.

L’abaissement de la note de crédit française jouera négativement sur les conditions de refinancement de la dette publique émise par le pays sur les marchés financiers même si la signature de Paris reste crédible.

L’agence de notation prévoit que la charge d’intérêts que la France paie à ses créanciers s’alourdira, en passant à 5 % du PIB en 2027, contre 3,3 % en 2023.

D’un point de vue fiscal, cette dégradation ne devrait pas avoir d’impact immédiat pour les contribuables.

Impôts : du changement après les européennes ?

« Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts » en 2025, a affirmé Bruno Le Maire sur BFMTV en ajoutant que «l'augmentation des impôts ne fait pas partie de la palette des options» gouvernementale.

Mais, alors qu’il fait profil bas avant les européennes, le gouvernement pourrait changer de ton après le 9 juin.

Il faudra sans doute besoin de 20 à 25 milliards d'économies pour boucler le projet de loi de finances pour 2025, et plutôt que de tailler dans les effectifs de la fonction publique ou le dans train de vie de l’État, Bercy pourrait cibler les particuliers.

Interrogé sur une possible désindexation des pensions de retraite et des prestations sociales sur l'inflation, le locataire de Bercy a botté en touche en admettant que toutes les pistes d’économie seraient envisagées.

Publié le lundi, 03 juin 2024

6 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Desmarais Alain vendredi, 14 juin 2024 Posté par Desmarais Alain

    J'ai déjà dit plus ce que je pense de la gestion de Macron, j'en ai autant pour son ministre de l'économie, des finances et bla bla bla. Le titre est tellement long qu'il doit avoir un format de carte de visite extraordinaire...

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  • Lien vers le commentaire Kate vendredi, 14 juin 2024 Posté par Kate

    déjà bien étonnant de pouvoir conserver 2A...!

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  • Lien vers le commentaire fabou mercredi, 12 juin 2024 Posté par fabou

    Pauvre France ! La voilà en train de passer de l'élite internationale à un pays en ruine. Parlons de Le Maire, même Macron lui a reproché son irresponsabilité et son manque de professionnalisme, il lui a dit en conseil des ministres "Voyons Bruno, tu es là depuis 7 ans !" Le Maire est un menteur et cela a été prouvé, mais il s'en fout et Macron avec. Ce gouvernement est le fossoyeur du pays et il faut absolument l'éliminer. Pour les économies il faudrait aussi faire un audit des associations en France. Beaucoup, même trop, ne sont pas contrôlées et touchent des subventions qui ne servent pas à soutenir une cause mais à faire vivre leurs membres. Il y a des milliards à récupérer dans ce domaine.

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  • Lien vers le commentaire jamas vendredi, 07 juin 2024 Posté par jamas

    @ Hoplaboum
    Je pense que la Cour des Comptes regarde les performances des administrations publiques. Du moins à entendre les résumés médiatiques de ses travaux. Et vous avez raison, la gabegie n'est pas plus à Paris, autrement dit en haut lieu, qu'en province ou en local, contrairement à une idée répandue. Je me demande même si ça n'est pas le contraire.
    Pourquoi parler de réduction de l'interventionnisme public pour faire des économies ? Parce que ça n'est pas à mon sens en gardant toujours autant de services publics subalternes et de saupoudrage d'argent public partout qu'on s'en sortira.
    Ce sont des tas ''d'actions'' publiques intrusives dans tous les coins qu'il faut carrément supprimer. Une des dernières en date pointée par C.A. il y a peu : une aide publique pour réparer les appareils électrique si j'ai bien suivi.
    Revenons à l'essentiel. Supprimons des tas de ''coups de pouce'' marginaux saupoudrés à droite à gauche (+ les frais de gestion qui vont avec). Tout cela devient trop pernicieux ! trop illisible ! exploités par les petits malins au détriment du vulgum pecus dans son ensemble.

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  • Lien vers le commentaire Hoplaboum mercredi, 05 juin 2024 Posté par Hoplaboum

    @ jamas " A quand la réduction de l'interventionnisme public pour faire des économies ? "

    A quand surtout l'audit de la dépense publique et également de demander à la Cour des Comptes de réaliser un ou des audits de performances ( en particulier dans le territorial ). A quand également le débat sur l'état fédéral afin de sortir de cette connerie du tout Paris ?

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  • Lien vers le commentaire jamas mardi, 04 juin 2024 Posté par jamas

    Mettez B. Lemaire à la place de P. Moscovici un beau jour à la Cour des Comptes et vous obtiendrez le même résultat. Il aura viré casaque. Faire plein de dettes quand on est au pouvoir, et jouer les pères la vertu une fois recasé ailleurs, c'est le lot de tous ces ministres de l'argent public au courage et aux actes à géométrie variable. On pourrait rajouter T. Breton à la Commission Européenne, Ch. Lagarde au FMI, N. Sarkozy dans ses petites phrases bien senties, F. Fillon, l'homme à la tête d'un état en situation de faillite, et bien d'autres.
    Tous les mêmes : un minimum de correction serait quand même de faire amende honorable publiquement avant de virer casaque.
    Et pendant ce temps là, on s'enfonce, on s'enfonce !
    A quand la réduction de l'interventionnisme public pour faire des économies ?

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