Les précédents historiques ne sont pourtant pas encourageants. Le plus connu, le New Deal, lancé en 1933 par Roosevelt, fut un échec. En 1939, le taux de chômage américain était encore de 15 %, et il a fallu attendre 1954, soit 25 ans, pour que la bourse de New York retrouve son niveau de 1929.
Et cela seulement après le retour à l’équilibre budgétaire, à partir de 1949. En France, la relance par les déficits, celle de Chirac en 1975, puis celle de Mitterrand en 1981, furent aussi des échecs. Dans le Japon des années 1990, les plans de relance ont gonflé une énorme dette publique, mais l’économie a stagné durant ce qu’on a appelé « la décennie perdue ».
Christina Romer, qui préside actuellement les conseillers économiques d’Obama, a écrit un livre montrant qu’au cours des cinquante dernières années nulle part les politiques de déficit budgétaire « ne semblent avoir eu un rôle important pour relancer l’économie. »
Il serait calamiteux de revenir sur la mondialisation des échanges qui a permis une expansion sans précédent, et qui a sorti des milliards d’hommes de la misère. Malheureusement, le mardi 29 juillet 2008, réunis à Genève au siège de l’OMC, les ministres de 153 pays ont dû constater l’échec des négociations commencées à Doha en 2001.
Elles étaient fondées sur une idée simple : si les pays pauvres acceptent de baisser leurs barrières douanières , en échange, les pays riches s’ouvriront aux exportations agricoles des pays pauvres et diminueront les subventions qu’ils versent à leurs agriculteurs.
Tout le monde y aurait intérêt. Les pays industrialisés exporteraient plus, ce qui favoriserait l’emploi et le niveau de vie, et les pays pauvres vendraient librement aux pays riches. Mais cet espoir, où tout le monde aurait gagné, est en train de s’effondrer.
Les règles de l’OMC sont irremplaçables Au cours des négociations de l’été dernier, on pensait que le plus difficile serait de donner aux paysans des pays pauvres la possibilité d’exporter vers les pays riches.
Or, mauvaise surprise, l’échec est venu d’ailleurs. C’est l’Inde qui s’est opposée aux importations alimentaires. À Genève, après neuf jours et nuits épuisants – la plus longue réunion ministérielle de l’histoire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – les négociateurs ont jeté l’éponge, à l’issue d’un marathon commencé il y a sept ans. Cet échec est aussi celui de l’OMC, dirigée par notre compatriote Pascal Lamy, qui vient d’être réélu à l’unanimité pour quatre ans.
Unique forum mondial de négociation, et seul juge impartial et reconnu de la libération des échanges, l’OMC risque de devenir inutile.
Faute d’accord mondial, on commence à se rabattre sur des accords régionaux, autre moyen d’ organisation des échanges.
Or, leur harmonisation – plus de deux cents actuellement – est impossible, chacun couvrant des produits définis différemment, selon des normes différentes et diversement interprétées, ce qui favorise protectionnisme, chicane et corruption. Les règles uniformes de l’OMC, et son rôle d’arbitre, sont irremplaçables.
Depuis 2003, le soutien des cours des produits agricoles a commencé à faire place en Europe à des paiements directs, non liés à la production, et donc compatibles avec les principes de l’OMC.
Avec l’Europe à 27, la France devient, non plus bénéficiaire de la PAC, mais contributeur net, car il faut financer les subventions aux agriculteurs d’Europe centrale. Rien que pour cela, nous aurions intérêt à sortir de la PAC. Jusque-là, le soutien artificiel des prix des aliments supposait une politique commune ; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chaque gouvernement peut désormais soutenir directement ses agriculteurs, et notre immobilisme est inexcusable.
Article publié le 30 mai 2009