Lorsque le Trésor public débourse 36.235.409 euros pour des candidats de partis politiques qui n’ont fait que vendre des idées, il distribue l’équivalent de 25.335 smic brut, de quoi faire travailler plus de 2 000 personnes pendant un an ou sauver l’usine de Goodyear à Amiens.
Le président de la République est le Président de tous les Français. Rien n’est plus vrai. Non pas parce qu’il a gagné l’élection à la majorité.
Mais parce que tous les Français, de droite, de gauche, du centre, des extrêmes, les abstentionnistes et ceux qui ont voté blanc ont tous, absolument tous, financé son élection, son staff de campagne, ses locaux, ses affiches, ses locations de salles, ses déplacements.
Sans s’en rendre compte, les contribuables sont membres de tous les partis à la fois. C’est d’ailleurs cocasse pour ceux qui sont membres d’un parti politique : les frontistes de gauche financent les slogans des frontistes d’extrême droite, les UMP paient pour les tracts socialistes, et les centristes divisés sont unis derrière une même facture.
Au final, chacun des 46.066.307 Français inscrits sur les listes électorales a donné son obole au vainqueur François Hollande élu avec seulement 39% des voix du total des inscrits. On est très loin de la majorité réelle.
L’argent public couvre près de la moitié des frais de campagne
La situation est donc la suivante : l’argent des contribuables est utilisé pour couvrir près de la moitié des frais de campagne électorale. En d’autres termes, une grande partie des dépenses des partis politiques sont assimilées à des dépenses publiques.
La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a scruté les comptes de chacun des candidats à la présidentielle de 2012.
Les règles sont claires : les candidats qui ont moins de 5% des voix sont remboursés de 4,75% de leurs dépenses. Pour les autres qui ont franchi ce seuil, l’Etat – ou plutôt les contribuables – couvrent 47,5% des dépenses. Quant aux deux candidats du second tour, ce remboursement est plafonné à 11 millions d’euros.
Plus de 36 millions d’euros pour les partis
Si Nicolas Sarkozy a vu ses comptes refusés, ce n’est pas le cas pour les autres qui ont bénéficié de la manne publique. Ainsi le Trésor public a remboursé la coquette somme de 36.235.409 euros. Dans le détail et dans l’ordre décroissant cela donne :
10.691.775 euros pour François Hollande
8.004.225 euros pour Marine Le Pen
8.004.225 euros pour Jean-Luc Mélenchon
5.981.729 euros pour François Bayrou
800.423 euros pour Eva Joly
791.391 euros pour Philippe Poutou
779.871 euros pour Nathalie Arthaud
776.408 euros pour Nicolas Dupont-Aignan
401.899 euros pour Jacques Cheminade
La question est la suivante : ce principe du remboursement des campagnes électorales par de l’argent public est-il juste ? La démocratie doit-elle être financée par les contribuables ?
L’argument que l’on donne habituellement est que cela permet à ceux qui ont peu de moyen de se présenter quand même et d’assurer ainsi la diversité des opinions politiques. Pourquoi pas. Mais, l’argent de Bernard Arnault doit-il vraiment financer les idées de Jean-Luc Mélenchon ? Ou l’argent de Cindy Léoni, présidente de SOS Racisme, payer la campagne de Marine Le Pen ?
Comme toujours deux principes s’opposent : l’obligation et le volontariat
L’obligation est l’essence même du principe de redistribution qui régit les finances publiques. L’Etat prend l’argent des contribuables et le redistribue sans leur demander leur avis : cela s’appelle la République sociale. De fait, un contribuable apolitique finance chacun des partis politiques sans qu’il puisse s’y opposer. Il n’y a pas de vraie liberté dans ce cas.
A contrario, le volontariat est l’essence même du principe de liberté. Les contribuables participent volontairement à ce qu’ils veulent, et pourraient choisir de financer le parti politique de leur choix et seulement celui-là.
Quant aux autres contribuables qui ne voudraient pas donner leur argent aux politiques, cela ferait une économie dont ils seraient les premiers bénéficiaires.
Dans un tel contexte, les partis politiques seraient soumis à une sorte de loi du marché, devant démontrer leurs avantages compétitifs les uns par rapport aux autres, et devraient donner des résultats une fois au pouvoir sous peine de perdre les contributions volontaires des contribuables. Nous serions alors dans une démocratie libérale.
La question n’est pas triviale ou utopique. Lorsque le Trésor public débourse 36.235.409 euros pour des candidats de partis politiques qui n’ont fait que vendre des idées, il distribue l’équivalent de 25.335 smic brut, de quoi faire travailler plus de 2 000 personnes pendant un an ou sauver l’usine de Goodyear à Amiens.
Quel gaspillage ! C’est presque l’illustration de ce que disait l’économiste Frédéric Bastiat : « Le travail produit, la politique détruit. »
Sylvain Charat
Avec Contribuables Associés, luttez pour la réduction des dépenses publiques, car trop de dépenses publiques c'est trop d'impôts, et contre les gaspillages scandaleux d'argent public !