2 février 2013. Dioncounda Traoré, président du Mali, et François, président de la France, sont côte-à-côte place de l’indépendance à Bamako.
Ils célèbrent la victoire à venir. Une victoire de l’armée française manifeste puisque la reconquête des principales villes du Nord-Mali s’est effectuée rapidement. Mais le principal reste encore à faire : reconstruire le Mali.
Des objectifs militaires presque atteints
La France n’est pas prête de partir. Même s’il met une condition, François Hollande s’y est engagé : « La France restera avec vous le temps qu’il faudra, c’est-à-dire le temps que les africains eux-mêmes prendront à travers la Misma pour nous suppléer, pour nous remplacer, mais jusque-là nous serons à vos côtés, jusqu’au bout, jusqu’au Nord-Mali. » Mais comme si François Hollande sentait tout le risque que cela impliquait pour la France, il a ajouté pour que ce soit bien clair : « Mais je vous l’avoue aussi, parce que c’est le respect que je vous dois, la France n’a pas vocation à rester ici au Mali parce que ce sont les maliens eux-mêmes, les africains qui assureront la sécurité, l’indépendance, la souveraineté. C’est ainsi que je conçois les relations entre la France et l’Afrique, le respect, la démocratie, la transparence. »
De nouveaux objectifs pour la France : reconstruire l’Etat malien
Mais il y a un problème. Une contradiction, comme souvent dans les discours du président français, qui tient dans un autre objectif défini par François Hollande et qui n’a rien de militaire celui-là. En effet, la France restera au Mali car « nous avons décidé d’être à vos côtés pour vous accompagner dans le redressement économique, dans la renaissance de vos services publics, pour l’éducation, la santé, la sécurité. Nous contribuerons à la réédification des sites culturels maliens. » C’est un programme qui n’a plus rien de militaire et se situe bien loin de la demande d’aide du président Traoré.
Depuis 2007, ce sont 241,4 millions d’euros d’argent public qui ont été donnés au Mali par l’Agence française de développement (AFD
La France élargit donc son périmètre d’intervention : il s’agit maintenant de reconstruire un pays, de rebâtir un Etat. La question est de savoir comment l’on procède ? La remise à plat de services publics et leur remise en marche nécessite un travail de longue haleine. Réamorcer une économie, rebâtir un système d’éducation, procurer des services de santé et former une police et une armée pour assurer la sécurité : autant de tâche que François Hollande vient de mettre sur les épaules des contribuables français, car le financement de tout cela se fera avec l’argent public.
Pourtant, l’expérience n’a pas été concluante jusqu’à maintenant. Depuis 2007, ce sont 241,4 millions d’euros d’argent public qui ont été donnés au Mali par l’Agence française de développement (AFD), sachant que cette aide a été interrompue depuis le 22 mars 2012, date du coup d’Etat. L’économie, le développement urbain, l’éducation, tous ces domaines ont été subventionnés par la France. La sécurité était même l’un des objectifs de l’aide française puisque « en 2010, l’AFD a décidé d’une contribution au Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord du Mali, réponse d’urgence du Gouvernement malien à la situation d’insécurité des régions du Nord soutenue par de nombreux bailleurs, notamment l’UE » peut-on lire dans la fiche pays du Mali produite par l’AFD. Depuis chacun a pu constater le succès et l’efficacité de ce programme spécial.
Les contribuables français seuls à payer ?
En 2010, l’aide au développement de l’AFD s’est élevé à 90,1 millions d’euros, en 2011 elle a été de 56,8 millions sachant que la somme moyenne d’aide au Mali sur les cinq dernières années est de 48 millions d’euros. Maintenant, il faut ajouter à cette enveloppe les objectifs autrement plus ambitieux de François Hollande.
« L’Europe est à vos côtés », précise François Hollande ajoutant aussitôt « la communauté internationale est avec vous. L’UNESCO représentée par sa directrice générale est là aussi. » Peut-être, mais en attendant c’est la France qui paie. Et le soutien très frileux des autres pays européens et des américains ne laissent présager rien de bon car ce qui compte ce ne sont pas les déclarations d’intentions, mais le payeur de la facture finale.
A l’heure où les frappes françaises ont repris dans la région de Kidal, à l’extrême nord du Mali, sur l’un des derniers bastions islamistes, la solitude de la France est criante. Car, au-delà des discours généreux, la réalité est incontournable : la France porte le Mali à bout de bras, elle est la seule à s’être engagée par une intervention militaire, comme elle est la seule à faire la promesse de reconstruire le pays. En conséquence, les contribuables français seront les seuls à en payer le cout.
« C’est vous maintenant qui allez porter votre destin », déclarait François Hollande, et nous vous le financerons aurait-il dû ajouter.
Sylvain Charat
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