La Cour des comptes juge l’état des finances publiques de plus en plus préoccupant

Écrit par Fabrice Durtal
Cour des comptes-Pierre-Moscovici © Alexandros Michailidis / Shutterstock / Montage Contribuables Associés

Malgré les promesses du gouvernement, 2022 n'a pas été l'année de sortie du « quoi qu'il en coûte » et 2023 s’engage sous de mauvais auspices, alerte Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes.

 

C’est sans doute l’une des institutions les plus utiles de la République, mais ses avertissements font souvent l’effet de coups d’épée dans l’eau. Le gouvernement fait la sourde oreille.

Début janvier, Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme devant la dégradation des finances publiques.

Lors de ses vœux, il a déploré que l'année 2022 n'ait pas été l'année de sortie du « quoi qu'il en coûte » (22,4 milliards d’aides allouées en 2022, 18,7 milliards en 2023) en décrivant un avenir budgétaire sombre comme de l’ébène.

Selon ses prévisions, si les comptes 2022 ont été plombés par les dépenses massives liées à la crise sanitaire, et les milliards distribués pour affronter l'inflation et la crise énergétique, ils se dégraderont plus avant sous l’effet de la guerre en Ukraine et du choc énergétique en 2023.

La situation sera aggravée par l'envolée des taux d'intérêt. Elle alourdit considérablement le contexte de financement de la dette, déjà parvenue à un niveau stratosphérique (plus de 113,7% du PIB). Pour mémoire, le taux des emprunts français à dix ans a brièvement franchi la barre des 3 % fin 2022 contre 0 % un an plus tôt.

 

Des prévisions de croissance très optimistes

 

Côté croissance l'ancien ministre de l'Économie juge les prévisions du gouvernement pour 2023 (+ 1%) optimistes, et supérieures au consensus des économistes.

Selon les prévisions de la Banque de France, la croissance du PIB devrait ralentir à 0,3% en 2023. Un peu plus optimiste, l’OFCE table sur + 0,6 %. Même le HCFP (Haut conseil des finances publiques) a estimé la prévision de croissance du gouvernement pour 2023 « un peu élevée ».

Ce n’est pas la première fois que la Cour des comptes alerte sur le niveau de la dette et d’un déficit français se situant autour de 5% du PIB (contre 3% pour les principaux partenaires économiques de la France).

En 2020, dans un rapport sur la gouvernance des finances publiques, elle recommandait de renforcer la programmation pluriannuelle et le débat public sur la dette, la clarté des choix et la bonne compréhension de l’usage des deniers public.

 En juillet 2022, auditionné par la commission des finances du Sénat, Pierre Moscovici avait fait sien le mot utilisé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, indiquant que les finances publiques se trouvent à « la cote d’alerte ».

 

Finances publiques : « S’il y a alerte, il doit y avoir action »

 

Et, « s’il y a alerte, il doit y avoir action », préconisait alors l’ancien commissaire européen en pointant du doigt le dérapage de la dette française (+ 15 points en 2 ans) et une charge de remboursement augmentant de 17 milliards d’euros sous le seul effet de l’inflation.

Ces différentes mises en garde ont été ignorées. Cette fois, seront-elles entendues par l'exécutif ?

Pour faire baisser durablement la dette et le déficit public, Bruno Le Maire a annoncé l'organisation d'examens annuels de la dépense publique dès 2023.

Objectif : ramener ce déficit sous la limite européenne des 3 % du PIB en 2027, avec une dette relativement stable à cet horizon.

La Cour des comptes juge cet exercice de revues annuelles - couplé à la tenue d'assises des finances publiques - « indispensable » et rappelle que la France figure parmi les championnes en termes de dépenses publiques (environ 57 % du PIB).

Aucun calendrier n’a encore été communiqué quant aux dates de ce conseil de révision budgétaire.

On peut souhaiter que ce rendez-vous ne se perde pas une fois encore dans les sables...

Publié le mercredi, 01 février 2023

16 Commentaires

  • Lien vers le commentaire sc mercredi, 15 février 2023 Posté par sc

    Tous ces politiques n'ont pas appris à gérer en bon père de famille, mais à taxer toujours plus en dépit du bon sens !
    Il faut réformer tout ce système administratif pesant, inefficace et dépensier. Fini de dépenser sans compter !

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  • Lien vers le commentaire Decu lundi, 06 février 2023 Posté par Decu

    C’est lamentable cette fois on touche le fond avec une équipe d.incapables sur tout les sujets c’est désolant

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  • Lien vers le commentaire Mallard samedi, 04 février 2023 Posté par Mallard

    Marrant que ce soit Moscovici, brillant ministre qui a largement contribué à laisser filer et la dette et la dépense publique en son temps, qui soit le censeur de la politique actuelle!!!
    Mais bon...retourner sa veste et arriver ( enfin!...) à des constats lucides lui ouvrira peut être la voie du paradis !..

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  • Lien vers le commentaire Florès samedi, 04 février 2023 Posté par Florès

    D'un côté, une inflation galopante qui ronge le pouvoir d'achat des français, de l'autre des sur-profits de Total énergies. 10 milliards, de l'autre 100€ de chèque pour le peuple. A côté de ça des commerces qui vont mettre les clefs sous la porte.
    Sans oublier que ce gouvernement prévoit de réformer la taxe foncière qui devrait augmenter pour les propriétaires de 7% minimum, en 2023. Et tout ça c'est pas la faute à l'Ukraine...

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  • Lien vers le commentaire CF vendredi, 03 février 2023 Posté par CF

    Quand vous écrivez : un déficit français se situant autour de 5%, vous omettez de préciser « du P.I.B. » !!! Comme la grande majorité des politiques et des journalistes. Quand tiendrez-vous un langage de vérité ? Le déficit public rapporté aux recettes est d’environ 65% !!! Quelle entité peut supporter durant des années un tel niveau de pertes ?

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  • Lien vers le commentaire Janaszak vendredi, 03 février 2023 Posté par Janaszak

    OK avec tous ces commentaires .
    Au gouvernement , au sénat ,à l'assemblée nationale , au haut conseil des finances , au conseil constitutionnel , et j'en passe , ce sont tous des B.A.R.M.E.T ( Bons A RIEN Mauvais En Tout ) . Il n'y en a pas un pour relever l'autre : sauf pour s'enrichir grassement sur le compte des contribuables .
    Mais il paieront bientôt tout ça s'ils veulent rembourser la dette publique avec l'argent de la petite bourgeoisie et la classe populaire.
    Le soulèvement n'est pas loin .

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  • Lien vers le commentaire claudelouis vendredi, 03 février 2023 Posté par claudelouis

    Que les "seigneurs" _dont le "Responsable" étant un IRRESPONSABLE_ aux poches pleines, CALCULENT un peu mieux comme le font les Chefs d'Entreprises qui "EUX" sont vraiment Responsables car les PERTES le sont de leurs poches ; alors que les CRESUS en herbe dépendant de l'ETAT s'imaginent que les fonds sont sans limites !!!...Des MINABLES !!!...

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  • Lien vers le commentaire JeanMarc vendredi, 03 février 2023 Posté par JeanMarc

    RÉFORMER le train de vie de l’etat …….. et les milliards vont ressortir .
    Trop de politiques inefficaces et incompétents……
    ce ne sont pas des gestionnaires ….. ils n’ont jamais géré une entreprise …des théoriciens avec l’argent des autres

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  • Lien vers le commentaire Paupardin vendredi, 03 février 2023 Posté par Paupardin

    Notre Président distribue, distribue, ce qui n'est pas à lui, et ce sera une partie des citoyens économes qui devront remplir le trou laissé par ce Monsieur qui ne sait pas qu'il faut travailler comme nos anciens pour avoir des économies.

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  • Lien vers le commentaire kerneilla vendredi, 03 février 2023 Posté par kerneilla

    Il faut avant tout réformer l'Etat, supprimer les doublons chez les gratte-papiers, simplifier les procédures, affecter les employés à des postes utiles, quitte à faire du recyclage; supprimer le tout informatique totalement inefficace et coûteux (y compris anti-écologique);
    Utiliser les fonctionnaires au lieu de faire appel à des cabinets de conseils qui coûtent une fortune et ne servent à rien...
    Il faut aussi responsabiliser les gens , de meilleurs salaires et moins d'aides sociales etc. Commencer par supprimer les aides non contributives aux étrangers pour éviter l'appel d'air, supprimer les recours quand un illégal est débouté, renvoyer manu militari les illégaux , au lieu de les entretenir à nos frais, à commencer par les mineurs qui doivent être renvoyés illico à leur famille, au pays d'origine... La France est au bord de la faillite et de l'implosion, les 'droits de l'hommistes nous détruisent; l'homme a aussi des devoirs .

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