La lecture de son ouvrage-programme « Révolution » n’apporte en la matière rien de… révolutionnaire. Normal, le programme fiscal est en fait prévu pour « dans une dizaine de jours », selon le candidat à la présidentielle.
Pour passer le temps qui risque d’être long, contentons-nous donc de rappeler les mesures que le fils d’Amiens a bien voulu dévoiler jusqu’à présent.
Ou plutôt les quelques idées car, faute de programme construit, la fiscalité macronienne se construit pour l’heure à coup de petites touches impressionnistes, comme s’il fallait attendre à chaque fois la réaction du peuple avant d’aller plus loin.
Commençons par l’ISF. Sur ce sujet, Macron fait preuve d’iconoclasme, au risque de heurter ses anciens amis de gauche, en n’excluant pas sa suppression. Toutefois, cette suppression serait la contrepartie d’une augmentation des droits de succession ou de donation, au motif que l’ISF bride l’initiative et sanctionne la réussite, alors que la transmission profite aux seuls héritiers sans mérite qu’il ne serait donc pas injuste de taxer.
Tout cela part d’un bon sentiment mais reste encore bien flou, surtout si économiser l’ISF pour payer plus de droits de mutation revient à reculer pour mieux sauter.
Concernant les charges sociales, le candidat Macron propose un allègement de cotisations patronales financé par une taxe sur la consommation ou la pollution et des économies de dépenses publiques ainsi qu’une suppression des cotisations salariales maladie et chômage en échange d’une augmentation de la CSG, tout en précisant que celle-ci ne toucherait pas les petites retraites exonérées mais s’appliquerait par contre aux revenus du capital.
Cela s’inscrit dans la lutte de Macron contre les syndicats, en étatisant un peu plus le financement des prestations sociales au détriment du paritarisme. Les mécanismes de compensation restent toutefois un peu flous et la proposition est surtout contradictoire avec la volonté affichée de libérer l’initiative et l’investissement.
Il n’est en effet pas certain qu’ajouter encore de la CSG aux 15,5 % de prélèvements sociaux frappant les revenus du capital incite vraiment à l’investissement ou au risque.
Macron souhaite également transformer le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en « allègement de charges durable », et l’étendre aux « petites entreprises, indépendants et entreprises de l’économie sociale et solidaires ».
Il a entend maintenir l’abattement sur la résidence principale, mais aussi l’exonération pour les œuvres d’art.
Enfin, le patron d’En Marche ! suggère de supprimer l’exit tax (imposition des plus-values latentes sur des valeurs mobilières en cas de départ à l’étranger) au motif qu’elle ne rapporte rien et ne dissuade pas de partir à l’étranger, encourageant surtout à y créer dès le début son activité pour ne pas risquer de devoir la subir un jour. Réflexion pleine de bon sens mais encore un peu limitée eu égard aux enjeux.
Bref, le programme fiscal de Macron est pour l’instant à l’image du reste : transparent, avec quelques bonnes idées susceptibles de ratisser large sans trop s’engager et le recours à la théorie de la nouveauté comme réponse à tout.
Olivier Bertaux
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