Dans son ouvrage « Puisque c’est impossible, faisons-le », Charles Beigbeder (candidat UMP aux législatives 2012 dans le12e arrondissement de Paris), dénonce l’inaction des différents gouvernements et propose 10 solutions simples et évidentes pour aller de l’avant.
La refondation de l’Etat providence est, pour lui, une priorité.
1) Convocation de véritables Etats généraux de l’intervention étatique
Pour commencer, l’auteur préconise l’organisation d’unaudit de l’Etat, en faisant appel à des intervenants extérieurs, comme pour une entreprise. Pour rétablir les comptes publics, il faudra100 milliards d’euros. Pour cela, il prévoit un programme d’économies de80 milliards d’euroset une hausse de la croissance et des recettes. Pour compléter, Charles Beigbeder estime qu’un plan deprivatisationspourrait rapporter70 milliards d’euros.
La récente révision générale des politiques publiques n’est pas assez efficace, selon lui. Pour accélérer le mouvement, « les régions doivent devenir plus perméables les unes aux autres, sans perdre leur spécificité ».
L’Etat doit-il intervenir dans tous les domaines ? « L’Etat doit-il rendre ce service ? Quel est l’objectif poursuivi ? Les objectifs sont-ils atteints (et au meilleur coût) ? », s’interroge-t-il. Pour chaque politique, desévaluateurs privés et publics seront mis à contribution.
2) L’établissement d’une véritable règle budgétaire (règle d’or)
Pour l’économiste Jacques Delpla, cette mesure doit figurer dans la constitution afin de mieux contraindre l’Etat.
La réduction de la dette devra passer par l’instauration d’un taux unique entre le secteur hospitalier public et privé.Charles Beigbeder estime les économies réalisables de l’ordre de7 à 12 milliards d’eurosd’économies par an. L’alignement sur le système allemand de remboursement des soins permettrait d’économiser 23,7 milliards d’euros par an.
En matière de financement desretraites, un alignement avec le voisin d’outre Rhin permettrait d’économiser64 milliards d’eurospar an. Il faudrait pour celacumuler système par capitalisation et système par répartition.
Dans l’éducation, le nombre d’élèves a baissé mais le nombre de professeurs a augmenté. Si on se référait au système allemand, il y aurait8 milliards d’eurosd’économies à réaliser.
Pour baisser le taux de chômage, il faut réduire lapolitique de l’emploi(80 milliards d’euros par an en France). Réduire les allocations chômage inciterait davantage à trouver un emploi, selon l’auteur.
Enfin, pour Charles Beigbeder, lesfonctionnairessont trop nombreux. Rapporté à la population active, il y a44%de fonctionnaires en plus en France qu’en Allemagne. Ce surcoût représente30 milliards d’eurospar an.
3) L’instauration d’une « flat tax »
La fameuse flat tax « a déjà été adoptée dans plus de dix pays européens avec des résultats étonnants », déclare l’auteur. Tous les contribuables paieraient un pourcentage fixe de leurs revenus(prélevé à la source) pour financer les charges sociales. L’instauration de cette taxe entrainera lasuppression de la CSG-CRDS. De manière générale,« laprogressivité de l’impôt est une philosophie à remettre en cause », explique-t-il.
Selon l’économiste Christian Saint-Etienne, la flat tax devrait être de11% pour que l’Etat perçoive les mêmes recettes.
Dans le même temps, l’ISF devra être supprimé. Charles Beigbeder dénonce égalementle non-sens de la fiscalité des successions.
4) Augmenter la TVA pour financer la protection sociale
En contrepartie d’une augmentation de la TVA, les cotisations sociales, salariales et patronales seraient baissées.
Tout revenu (même épargné) est voué à être consommé et est donc toujours soumis intégralement à la TVA. Ainsi pour Charles Beigbeder,tous les consommateurs financeront la protection sociale.
5) Instauration d’un ticket santé variable selon les revenus
Les malades devront participer au financement de leurs soins de santé. L’Etat garantirait le remboursement intégral des dépenses maladies au-delà d’un certain pourcentage du revenu.
6) Mise en place d’un nouveau contrat de travail : flex sécurité
Il faut arrêter de considérer« l’emploi à vie »comme un fait accompli. L’employeur doit considérer l’employé comme un entrepreneur à travers un contrat de fourniture de services.La cessation de contrat sera plus facile. En contrepartie, les allocations d’« intercontrat » serontsupérieures et plus durables.
7)Instauration d’un prélèvement unique (entre 15 et 20%) basé sur le bénéfice
Si l’on applique un prélèvement unique, « toutes les autres taxes que subissent les entreprises devront être supprimées » déclare Charles Beigbeder. Il en sera de même pour les multiples niches. Dans un rapport de 2011, l’inspection des finances estime à53 milliards d’eurosle coût des niches inefficaces.
8) Remettre en cause le collège unique
Lerythme scolaire français est inadaptéaux enfants. Charles Beigbeder préconise le retour à 4 jours et demi de cours. Nous avons besoin d’une école primaire qui apprenne àlire, compter et écrire. Il faut impérativement réaffirmer la hiérarchie entre maître et élève. Pour l’auteur, le rythme scolaire allemand est plus adéquat : école le matin, activités physiques l’après-midi. Il faudrait égalementassouplir la carte scolaire et supprimer les options inutiles.
9) Réinstaurer l’uniforme dans tous les établissements publics
L’uniforme donne de bons résultats sur l’ambiance entre élèves et surl’économie des ménages. Charles Beigbeder dénonce latyrannie des marques. La non-mixitédevra être envisagée, dans certains quartiers et pour certains domaines d’apprentissage.
10) Université : augmenter les droits d’inscription et instituer une sélection à l’entrée
Pour l’auteur,le lycée prépare mal à l’enseignement supérieur. Pour preuve, 70% des étudiants en première année de droit doivent se réorienter.
Pour leurs financements, les universités devront trouver d’autres sources. L’auteur évoque les partenariats avec des entreprises. Mais l’indépendance de l’enseignement doit rester totale.
Enfin, Charles Beigbeder préconise uneaugmentation massive des droits d’inscription.Dans le même temps, les étudiants financeront une partie de leur formation.
Pierre Bergerault
Charles Beigbeder, « Puisque c’est impossible, faisons-le, 10 idées simples pour réformer une France pas si compliquée », éditions Jean-Claude Lattès, 8 euros.
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