Comme un boomerang, le plan de relance va nous revenir à la figure

Écrit par Contribuables Associés
plan-relance-depenses-publiques © Vladimir Gjorgiev - Shutterstock

Plan de relance. Le « quoi qu’il en coûte » d'Emmanuel Macron coûtera très cher au pays. C’est le père Noël pour tous, l’argent magique. Comme un boomerang nous revenant sur la figure, France Relance nous fera encore reculer.

Alain Mathieu Contribuables Associes

Par Alain Mathieu, président de Contribuables Associés

Au sujet du virus, comme du climat ou de l’économie, le catastrophisme a saisi nos dirigeants.

« Le virus est là jusqu’à fin juin 2021 », assure un président de Conseil scientifique qui n’a pourtant aucun moyen de le savoir. « L’urgence climatique » est là, puisque « l’humanité disparaîtra dans douze ans pour cause de réchauffement climatique » selon une représentante au Congrès des Etats-Unis.

« L’économie mondiale va subir sa pire récession depuis 100 ans » assure l’OCDE, avec l’approbation de Bruno Le Maire. Et pourtant la grippe espagnole avait fait baisser l’activité de 22 % en 1918 puis de 10% en 1919, alors que la prévision pour la France est de 10 % en 2020.

Le catastrophisme engendre des décisions mal réfléchies

Le « quoi qu’il en coûte » de notre président coûtera très cher au pays. Appliquant ce précepte Edouard Philippe déclarait le 28 avril : « Le dispositif d'activité partielle est un des plus généreux d'Europe ».

D’après Eric Woerth, le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, son coût pour l’Etat français sera en 2020 « entre 30 et 40 milliards », alors que le système de chômage partiel allemand, qui verse aux salariés des revenus très proches de ceux du français, ne coûtera rien à l’Etat allemand.

En effet les entreprises allemandes paient leurs salariés en chômage partiel selon les heures de travail effectuées. Un complément de 30 à 33% du salaire leur est versé par l’assurance-chômage. Et celle-ci, bénéficiaire depuis des années, a des réserves importantes.

En France seuls des fonds publics assurent au salarié 84 % de son salaire net. A la différence des Allemands nos dirigeants ont transféré à l’Etat la charge d’employer tous les salariés en chômage partiel.

De même les « prêts garantis par l’Etat », qui à fin août atteignaient en France 115 milliards d’euros, seront aussi plus coûteux pour l’Etat.

Car les Allemands les réservent aux seules entreprises qui étaient bénéficiaires en 2019. Ils en ont donc accordé trois fois moins que les Français. Les durées de ces prêts sont plus longues en Allemagne. Le risque de non-remboursement y sera donc moins grand.

L’Etat français accorde des prêts garantis à de grandes entreprises, comme Air France, qui ne pourront pas les rembourser.

L'argent magique

Le Premier ministre a présenté le 3 septembre 2020 un plan “France Relance” : 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Une brochure de 291 pages donne le détail de ces dépenses :

  • 36 milliards d’euros pour la « cohésion » (chômage partiel, formation)
  • 34 milliards d’euros pour la « compétitivité (dont des baisses d’impôts « de production »)
  • 6 milliards d’euros pour investir dans les hôpitaux publics
  • 4,7 milliards d’euros pour la SNCF, 3,4 pour les « technologies vertes »
  • 4,5 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments publics et HLM
  • 2 milliards d'euros pour « l’hydrogène vert »
  • 600 millions d'euros pour la hausse de l’allocation de rentrée scolaire et les tickets restaurants universitaires à un euro
  • 100 millions d'euros pour les associations de lutte contre la pauvreté, etc.

C’est le père Noël pour tous, l’argent magique. Comme l’a dit Eric Woerth, « on a l'impression que chaque fois qu'un ministre demande des milliards, il les obtient ».

Aussi nos dépenses publiques vont-elles passer de 54% du PIB en 2019 à 62,8% en 2020 et la dette publique française augmentera de 17,5 % du PIB en 2020, alors que l’allemande augmentera de 62,5 milliards, soit 1,8 % du PIB allemand. La France fera payer sans scrupules ses générations futures.

La folie dépensière qui affecte nos dirigeants serait d’après eux justifiée par quatre motifs, plus fallacieux les uns que les autres:


1) « 40 milliards, soit 40 % des dépenses, seront financés par l’Europe ».

En effet le 21 juillet les États membres se sont mis d’accord pour dépenser 750 milliards d’euros qui seront octroyés par la Commission européenne sous forme de prêts (360 milliards d’euros) et de subventions (390 milliards).

Pour financer ces dépenses la Commission empruntera, sans doute à un taux intermédiaire entre les taux actuels de l’Allemagne (- 0,5 % à 10 ans) ou de la France (-0,2 %) et ceux de l’Europe du Sud (1 % pour l’Italie). Il est probable que l’Allemagne et la France, n’ayant aucun intérêt à emprunter à la Commission à un taux supérieur à leur taux actuel, ne feront pas appel à ces emprunts.

La répartition des subventions est définie pour 2021 et 2022 mais pas pour 2023 (30 % du total). Les 40 milliards versés à la France ne sont pas garantis.

Ils dépendront de l’évaluation par la Commission de la qualité de notre plan de relance. Ils dépendront aussi de l’avis des autres pays européens, notamment l’Allemagne et les « quatre frugaux » (Pays-Bas, Suède, Autriche, Danemark) car « s’ils considèrent qu'il existe des écarts importants par rapport au respect des objectifs, ils peuvent demander au président du Conseil européen de saisir le prochain Conseil européen ».

Pour rembourser ses emprunts, la Commission a prévu des impôts nouveaux : une taxe sur les déchets plastiques non recyclés, appliquée dès le 1er janvier 2021, une sur les recettes des quotas d’émissions de CO2, et des impôts à préciser avant 2023, notamment une taxe carbone aux frontières et une taxe sur les GAFA (les grandes entreprises américaines de l’Internet). La France recycle peu ses plastiques. Elle sera donc le plus gros contributeur de cet impôt, avec 22,5 % du total (un montant égal à celui de l’impôt sur la fortune immobilière).

L’accord a prévu aussi une augmentation des versements des Etats membres.

Si l’on se base sur la répartition actuelle, la France devrait verser un supplément de 85 milliards soit plus que les 40 de subventions espérées. Son solde négatif de 45 milliards est à comparer aux soldes positifs de 38 pour l’Espagne, 21 pour l’Italie, 20 pour le Pologne, etc.

L’Allemagne et les quatre frugaux ont obtenu une baisse de leurs versements à l’Europe.

Merci à nos négociateurs ! L’Europe ne paiera donc pas les 40 % de France Relance. Bien au contraire, nous lui verserons davantage.


2) « Sauver la planète » (30 % des dépenses prévues par France Relance)

L’an dernier l’excellent rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la transition énergétique, présidée par le député Julien Aubert, a montré que le remplacement des réacteurs nucléaires par des éoliennes pour fabriquer de l’électricité ne changerait rien à la température de l’atmosphère terrestre mais augmenterait les tarifs d’électricité français en gâchant de nombreux paysages.

Nos dirigeants n’ont pas encore compris que l’homme n’est pas le principal responsable du réchauffement. Leur politique climatique coûte cher aux Français et ne sauve pas la planète.


3) « Sauver les emplois »

France Relance subventionne des entreprises publiques mal gérées comme Air France, la SNCF, EDF.

Mal gérées car sous la coupe de syndicats qui défendent des privilèges injustifiés. Ces subventions vont limiter les réductions d’effectifs prévues par ces entreprises alors que pour les sauver de la faillite il faudrait accroître ces réductions et diminuer les privilèges. Dans l’immédiat des emplois seront « sauvés », mais à terme ce sera l’inverse.

Certes une partie du plan France Relance créera des emplois : la diminution des « impôts de production » (les deux impôts remplaçant l’ancienne taxe professionnelle, qui n’existent pas en Allemagne, et la taxe foncière sur les entreprises, qui y est beaucoup plus faible).

Bruno Le Maire a eu raison de déclarer : « Je ne peux pas défendre la relocalisation industrielle et dans le même temps maintenir des impôts de production 7 fois plus élevés qu’en Allemagne ».

Avec la baisse de 10 milliards prévue au budget de 2021, nos impôts de production ne seront plus que 6 fois plus élevés que ceux de l’Allemagne au lieu de 7 fois. Cette baisse va dans le bon sens, mais ne sauvera pas beaucoup d’emplois.


4) « Préparer l’avenir par des investissements »

Dans le plan France Relance toutes les dépenses sont qualifiées d’investissements, même les dépenses du « cancer de l’assistanat », comme le qualifiait autrefois Bruno Le Maire.

Des investissements de France Relance ne sont pas justifiés. Nos dirigeants ont oublié les échecs du Plan Calcul, du Plan Machines-Outils, du procédé Secam de télévision, de l’aérotrain, du Concorde, du Minitel, du réacteur Superphénix, de l’usine marémotrice de la Rance...

Ils s’enthousiasment maintenant pour la pile à hydrogène et « l’hydrogène vert ». La France a la chance d’avoir le meilleur producteur d’hydrogène de la planète (l’Air Liquide) et parmi les meilleurs équipementiers automobiles (Valéo, Faurecia, Plastic Omnium).

Que l’Etat les laisse prendre leurs risques dans l’utilisation de l’hydrogène, et ne leur impose pas le choix de « l’hydrogène vert », le plus coûteux des trois procédés de fabrication !

« Avec France Relance nous nous donnons les moyens de revenir plus forts encore qu’avant la pandémie ». Le Premier ministre se trompe.

Depuis vingt ans la France, actuellement 29e dans le classement des pays par niveau de vie fait par le FMI, a perdu 24 places.

Comme un boomerang nous revenant sur la figure, France Relance nous fera encore reculer.

 

 

 

Publié le vendredi, 16 octobre 2020

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