Alors que le Thouet, un affluent de la Loire, subit des travaux de restauration « morphologique » afin de donner à cette rivière saumuroise un gabarit correspondant à ses caractéristiques hydrauliques, une association de pécheurs dénonce une forte dilapidation d’argent public.
Ludovic Panneau, le président de l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPMA), les Martins-Pêcheurs, du Montreuillais et du Douessin vient d’adresser à la communauté de communes une lettre ouverte dans laquelle il dénonce notamment les travaux menés dans le lit de la rivière. De larges extraits de cette lettre ont été publiés par Ouest-France.
Selon l’AAPMA, 388 888 euros de cailloux ont été immergés en pure perte par la Communauté d’Agglomération Saumuroise afin que le cours d’eau trouve du débit.
Des entreprises, appointées avec l’argent du contribuable, ont resserré le lit de la rivière, afin d’accélérer la circulation de l’eau. Des graviers et des cailloux (1 000 m³) ont été acheminés pour reformer des banquettes et faire monter la ligne d’eau.
Effet inverse de celui qui était recherché, la création de ces banquettes, dimensionnées pour être inondées, a suscité l’apparition de zones d’eau courante alternant avec des zones d’eau stagnante.
Ces zones où l’eau s’immobilise sont ravagées. En 2022, des interventions sur certains ouvrages conjuguées à des périodes de forte sécheresse ont eu des conséquences catastrophiques.
A certains endroits, le manque d’oxygène a décimé les poissons par centaines. Et, sur ces biefs, aucune activité n’est désormais envisageable l’été, période où la rivière asphyxiée se transforme en un marécage envahi d’herbiers.
D’après les pécheurs, ce drame écologique résulte d’un choix administratif initial erroné.
Dès le départ, l’administration a décidé de faire une croix sur une donnée clé : que le Thouet n’a pas de pente. Qu’importe.
L’association relate que l’Agence de l’eau Loire Bretagne a fait le choix technique de transformer le plat en oblique, d’incliner le lit de la rivière. Sans toutefois parvenir à créer assez de débit pour oxygéner des kilomètres de rivière, parfois privés du volume d’eau nécessaire.
Jadis, les barrages érigés permettaient des lâchers en période de forte chaleur et de conserver un niveau d’eau de sauvegarde ( + de 80 cm) durant l’été.
Mais plusieurs de ces retenues, dont le barrage du Vieux-Moulin à Montreuil-Bellay, ont été rasées, certains édiles se félicitant de ces destructions qui diminuaient les coûts d’entretiens communaux.
Au final, tous ces bouleversements, n’ont pas servi à grand-chose et la facture fait comme la petite bête qui monte, assure AAPMA, soucieuse de protéger les deniers publics : alors que la restauration du Thouet était initialement budgétée à 150 000 euros, la facture approche déjà… 1 million d’euros, preuve que le Thouet ne manque pas totalement d’air !
Assurez-vous d'entrer toutes les informations requises, indiquées par un astérisque (*). Le code HTML n'est pas autorisé.