Divers rapports, émanant du CSAC (conseil supérieur de l'aviation civile) ou d'autres sources, concluent qu’il est impossible pour un aéroport d’être rentable au-dessous d'un certain nombre de passagers. Le nombre varie de 200 000 à 500 000. 19 des 100 aéroports français ne sont pas rentables.
Celui du Havre, par exemple, ne comptait que 6491 passagers en 2018, et ne survit donc que grâce aux 330 000 euros de subvention, ce que déplore notamment Matthieu Brasse, le conseiller municipal (PS) de la ville : « Ce sont les subventions publiques qui viennent financer ces aéroports, ce ne sont pas les structures privées (…) C’est de l’argent qui pourrait aller ailleurs, par exemple dans le développement de la ligne ferroviaire Le Havre-Paris ».
Dans certaines zones, on trouve parfois trois aéroports dans un rayon de 30 km (Deauville, le Havre et Caen). L’on peut nuancer l’idée que ces aéroports sont totalement inutiles, car ils sont parfois utilisés par la douane et la protection civile pour leurs hélicoptères, mais il n’en demeure pas moins que la situation est ubuesque : le contribuable paie pour un service déficitaire, alors même qu’un aéroport est l’un des services publics les plus faciles à maintenir au-dessus du seuil de rentabilité (voir à ce sujet notre pétition contre la privatisation des Aéroports de Paris, il y a quelques temps).
La Cour des comptes pointe dans son rapport annuel de février 2020 qu’en dehors des deux aéroports principaux, tous les autres souffrent de leurs infrastructures sous-optimisées et ne survivent que par perfusion d’argent public, dans un contexte de concurrence internationale accrue.
41% des subventions viennent de la Région Bretagne, sur un total de 45 millions d’euros versés entre 2012 et 2017. Certaines entreprises privées telles que Vinci bénéficient d’ailleurs de cette manne considérable : la CCI d’Ile et Vilaine et Vinci Airports ont ainsi apporté 15 000 euros de capital aux aéroports de la région en 2010 pour percevoir 801 000 euros de dividendes en 5 ans. Ce rendement ferait fantasmer n’importe quel investisseur, mais lorsqu’une entreprise a un tel rendement en étant dans un secteur déficitaire mais subventionné, il est aisé de comprendre que nous, contribuables, sommes encore une fois les dindons de la farce.
En cause, le statut d’obligation de service public, que la Cour des comptes juge inefficace et coûteux. Comme ce statut était jusqu’à récemment prévu par les textes européens, les transporteurs aériens devaient respecter des règles d’exploitation en échange de subventions et d’exclusivités sur des lignes.
La Cour met en garde contre la tentation de répéter les erreurs passées malgré la fin de cette obligation, et suggère une «remise à plat complète de la stratégie régionale de mobilité».
Chez Contribuables Associés, nous ne pouvons qu’abonder dans ce sens.
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