Tout homme normal est naturellement prévoyant, pour lui-même et sa famille, et altruiste pour les autres. Le socialisme, dont l’objectif affiché est de créer un homme nouveau, aboutit à l’attrition de ces caractères.
Le financement public de la retraite tue l’épargne. Le subventionnement massif des activités philanthropiques favorise l’égoïsme. La rémunération des fonctions judiciaires et politiques en fait autant de voies de carrières professionnelles.
Pourtant, des pans entiers de la vie sociale et civique française relèvent heureusement du bénévolat pur et simple : la justice prud’homale, la justice consulaire, les visiteurs des prisons, une grande partie de l’aide aux plus pauvres et de l’accompagnement des malades…
Pourquoi pas les fonctions d’élus ?
La vie associative, si active en France (avec un million d’associations déclarées, et plus de vingt millions de sociétaires), est déjà gangrenée par la course aux subventions publiques. Les plus actives médiatiquement sont souvent les plus subventionnées et les plus pauvres en sociétaires ou donateurs.
Si bien que les moyens des associations sont faibles, comparés à ceux dont disposent leurs consœurs américaines, qui drainent proportionnellement vingt fois plus d’argent privé. La loi de 1901, totem des républicains, est aussi, historiquement, une loi de surveillance. Une entrave à toute prospérité associative.
Malgré tout, il est possible de développer en France une action civique sans chercher à recevoir le moindre centime d’argent public.
Contribuables Associés, aujourd’hui la première association civique française non subventionnée, forte de 350 000 adhérents, que j’ai contribué à créer il y a 27 ans, en est un exemple, parmi d’autres.
Cette affirmation est confortée par l’anecdote suivante. Nous sommes en 1994. Le gouvernement est dirigé par Édouard Balladur. La majorité parlementaire est de droite. Un groupe de députés manifeste son énervement à l’égard des pétitions qu’ils reçoivent de notre association. Un député centriste de la Loire, toujours en poste, demande au gouvernement que nous soit retiré le bénéfice du reçu fiscal permettant une déduction pour nos donateurs. Que croyez-vous qu’il advint ? Nos adhérents redoublèrent de générosité…
J’ai vu, depuis 60 ans, la vie politique se professionnaliser. Le président de la IVe République n’avait pas dix collaborateurs. À l’Hôtel Matignon, le président du Conseil n’avait autour de lui que des hauts fonctionnaires détachés. Un député ne disposait que d’un vestiaire individuel en bois, dénommé « casier ». S’il voulait travailler, il allait à la bibliothèque. C’était pourtant un régime parlementaire et l’époque où chaque député avait un pouvoir redoutable.
La plupart des parlementaires menaient une vie modeste.
Il a fallu attendre 1975 pour que la fonction d’attaché parlementaire soit créée (par Edgar Faure). François Fillon est l’un des premiers à en bénéficier. Il est auprès de Joël Le Theule, alors député de la Sarthe. (À noter : Manuel Valls est nommé attaché parlementaire en 1983, et Benoît Hamon en 1981…)
François Fillon est donc le prototype de ces politiciens qui ont toujours vécu de cette activité, et pour lesquels la réussite professionnelle ne peut être financée que par de l’argent public.
C’est à ce moment que les règles morales élémentaires deviennent troubles dans l’esprit de beaucoup d’hommes politiques.
La justice dira peut-être un jour ce qui était légal ou pas dans ce qui est devenu, en un jour, « l’affaire Fillon ».
Mais, au-delà, l’opinion n’arrivera jamais à accepter ces pratiques malsaines, qui découlent toutes de cette funeste professionnalisation.
Alain Dumait, journaliste, co-fondateur de Contribuables Associés
Chez Contribuables Associés nous luttons contre l'excés de dépenses publiques et le gaspillage d'argent public en tous genres.
Cet article est paru initialement sur le site www.les4verites.com sous le titre « Réflexions iconoclastes sur le statut des élus ».
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