Avec la réforme des retraites, Bruno Le Maire pensait obtenir une ovation des marchés financiers. Peine perdue : Fitch, l’une des trois principales agences de notation avec Moody’s et Standard & Poor’s, a décidé de sanctionner la France en lui attribuant la note de AA-. Le dernier cran avant de voir notre dette souveraine classée dans la catégorie des dettes à « qualité moyenne supérieure » où cohabitent, par exemple, Israël et Malte.
Sans surprise, notre ministre de l’Économie et des Finances a regretté le 28 avril dernier dans un communiqué « l’appréciation pessimiste » de Fitch, estimant que l'agence de notation « sous-évalue les conséquences des réformes ». « Tout ça pour ça » doit-il se répéter en boucle en pensant à la réforme des retraites qui avait pour objectif inavoué de rassurer les marchés financiers. Cette réformette - quid de l’inégalité public/privé du calcul des pensions de retraite, de l’introduction d’une part de capitalisation ou encore de la fin définitive des régimes de spécieux de retraites ? - fera économiser à partir de 2030 un peu plus de 18 milliards d’euros par an. Une peccadille dans le budget de l’Etat.
Toutes les familles le savent, vivre au-dessus de ses moyens c’est être à la merci du bon vouloir de ses créanciers. La France est dans cette situation depuis 1974, année du dernier budget voté à l’équilibre. Elle doit donc se tourner tous les ans vers les marchés financiers pour payer son train de vie. Le cumul de ces déficits fait notre dette actuelle : près de 3 000 milliards d’euros.
La sentence attendue de l’agence de notation anglo-américaine répond à une logique implacable. Pêle-mêle, elle reproche au gouvernement d’Elisabeth Borne l’explosion de la dette, un déficit chronique, des prévisions de croissance trop optimistes. Aucun effort d’assainissement des comptes publics en somme. L’agence souligne aussi le climat social délétère.
Difficile de lui donner tort, surtout lorsque l’on regarde les efforts entrepris en Allemagne, par exemple. En 2009, les dettes de la France et de l’Allemagne tournaient aux alentours de 55 % du PIB. Aujourd’hui, notre voisin outre Rhin voit sa dette publique avoisiner les 70 % alors que la nôtre dépasse les 110 %. Les Allemands ont initié un énorme travail de rationalisation des dépenses, ce que refusent de faire encore aujourd’hui nos dirigeants.
Si encore nous pouvions jouer sur le dénominateur du ratio, c’est-à-dire la création de richesse ! Là encore, les perspectives sont peu reluisantes. Le gouvernement table sur une croissance molle de 1 % en 2023, estimation encore trop haute pour Fitch qui mise plutôt sur 0,8 %. Notre pays accumule trop de contraintes (travail coûteux, industrie en miette, bureaucratisation étouffante…) pour espérer retrouver une croissance soutenue dans les années à venir.
Croissance ou pas, la dépense publique est un angle mort des responsables politiques. Même en période post COVID, avec une croissance de 6,8 % en 2021, notre déficit public atteint les 125 milliards d’euros… Il faudrait pourtant dégager au plus vite des économies pour retrouver la maîtrise de notre destin.
Faute de courage politique tant attendu par les Français, l’Etat va devoir emprunter à des taux supérieurs. Aujourd’hui à 3 % mais demain ? 4, 5, 6 % ? Comme il est loin le temps où l’argent ne coûtait pas cher puisque les créanciers savaient que les dettes seraient rachetées par la Banque Centrale Européenne ! Cette dernière a mis un terme à cette pratique et le rationnel a repris ses droits : les emprunteurs exigent une certaine solidité du débiteur.
Ce retour à la réalité aura deux conséquences majeures : d’une part, la France va devoir consacrer plus de 70 milliards d’euros chaque année au remboursement des intérêts de la dette. Pour rappel, le budget de la Justice avoisine les 10 milliards d’euros. D’autre part, le coûts des emprunts souscrits par les Français et les entreprises vont continuer de croître. En effet, tous les crédits ont comme coût le taux d'intérêt souverain plus une prime de risque.
Encore une fois, ce sont donc les contribuables français qui vont devoir subir les conséquences désastreuses d’une gestion dispendieuse de l’argent public, qui n’est rien d’autre que l’argent confié par les Français à leurs gouvernants.
Tribune à retrouver ici.
On se rappelle de la traîtrise de l’affaire Aukus et on se demande à qui profite cette augmentation de taux…
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